Date : 2025-06-02
Lieu : 60 impasse de la tour de guet
La Beaudelie – Le Saillant
19130 VOUTEZAC
À une quinzaine d’années d’écart paraissaient l’ouvrage de Gisèle Brelet intitulé Le temps musical[1] et le manifeste de Pierre Boulez Penser la musique aujourd’hui, sous-titré, le nouvel espace sonore[2]. Au-delà des débats esthétiques qui ont animé la période de l’après-guerre, la double dialectique de l’espace et du temps, et du son et de la musique fonde sans aucun doute les conceptions esthétiques dans lesquelles nous sommes encore plongés. Mais que nous dit vraiment cet assemblage de concepts ? Il convient d’en interroger à la fois les sources et l’empreinte sur notre présent esthétique.
À travers quelles combinaisons de caractère épistémologique en est-on venu là ? Les progrès de la rationalité scientifique, notamment dans les rapports avec le champ de la perception, ont-ils eu une incidence sur cet appariement de concepts ? Dans le cadre d’un dualisme sans doute problématique, à quel fonctionnement croisé entre une forme d’objectivité reconnue à la spatialité sonore, et une dimension de subjectivité traditionnellement attribuée au temps cela nous renvoie-t-il ?
Relativement à l’espace sonore, Gisèle Brelet met en avant ce qu’elle appelle une « métaphysique immanente de la musique ». Schaeffer a déclaré quant à lui à propos de Varèse qu’il ne s’intéressait qu’à « ce qui tombe dans l’oreille ». En intégrant l’exploration du matériau sonore sous l’angle de la création des composants du son, en tentant de promouvoir une esthétique de formes d’audition créatives, une réflexivité de l’écoute distincte de la perception, en se penchant sur ce que l’oreille entend que lui renvoie un matériau qui vient d’elle (Adorno), n’ouvre-t-on pas la voie à une remise en question de ces polarités dialectiques ? Quelles articulations conceptuelles sont ici en jeu et comment interviennent-elle au creuset des œuvres ? À quels préjugés, en partie venus de la philosophie, échapperions-nous par un regard instruit des nouvelles avancées sur la composition des sons ?
En réunissant philosophes et musiciens autour de ces questions à la fois conceptuelles et sonores-musicales, on aimerait identifier les possibles aveuglements qui retiennent le son d’« entrer en temporalité » ou la musique de « gagner en espace ». À un moment où la nécessité d’une nouvelle prise en compte des « données élémentaires de la conscience » émerge chez les compositeurs, une réflexion sur les catégories primitives d’un art des sons capable de faire musique prend tout son sens. On aurait alors peut-être quelques lumières sur les raisons du malaise touchant l’appréhension de la pratique de la composition et sur les difficultés que peut rencontrer la réception contemporaine de cet art.
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